Eugène Onéguine de Tchaïkovski à Bastille

La quintessence de l’âme russe

Peter Mattei (Onéguine) et Anna Netrebko (Tatiana)
© Guergana Damianova /OnP
20 mai 2017 : Deux artistes magnétiques viennent d’incendier les cœurs sensibles à l’Opéra Bastille. Anna Netrebko et Peter Mattei, Tatiana et Eugène, incarnent la double perfection dramatique et vocale. 
Exploration mélancolique d’un amour malheureux, Eugène Onéguine est une œuvre qui touche profondément, sur le temps qui passe inexorablement et les rendez-vous manqués avec nous-mêmes.

Dans un décor unique et intemporel, la magie de l’émotion opère grâce à ces deux interprètes et à la puissance de cette musique. La conception minimaliste de Willy Decker focalise notre regard sur eux. Nous sommes au plus près de l’intensité de leurs émotions, de leur intériorité - évolution de l’une et involution de l’autre -, de la dramaturgie de cette histoire d’amour vécue à l’envers. Les autres personnages s’évanouissent dans la mort ou dans l’oubli, tels Lenski ou Olga.

Et la musique de Tchaïkovski qui étreint. Mélange de doux lyrisme, de pathétique, de mélancolie et de poésie, le génie du compositeur est d’avoir réussi à exprimer par sa musique le secret des cœurs et la profondeur des sentiments.


© Guergana Damianova /OnP
Les grands interprètes ont à la fois une voix unique, une personnalité qui investit chaque rôle comme son double, cette saisissante intuition théâtrale qui leur permet de restituer la puissante dramatique de leur personnage.

Une fascinante vitalité anime Anna Netrebko dans la métamorphose de son personnage. Comme Tatiana, elle est vraie, et en même temps, elle est forte. Une force qui n’apparaît pas seulement à la fin, face à un Onéguine désemparé. La rêveuse et naïve jeune fille se mue en aristocrate, épouse fidèle qui tourne les têtes, comme va le vivre douloureusement Onéguine. Lui parcourt l’évolution inverse, il se trouve dépossédé de sa mâle assurance, réduit à l’état de jeune amoureux. Peter Mattei traduit merveilleusement la descente de son personnage, du cynisme hautain du début aux émotions brûlantes des retrouvailles.
Les derniers masques vont tombés dans la sublime scène d’adieu. Frissons irremplaçables de l’art lyrique qui achèvent de nous transporter hors sol.





Eugène Onéguine de Tchaïkovski à l'Opéra de Paris, mai 2017

Avec Anna Netrebko (Tatiana), Elena Zaremba (Madame Larina), Varduhi Abrahamyan (Olga), Hanna Schwarz (la nourrice Filipievna), Peter Mattei (Eugène Onéguine), Pavel Černoch (Lenski), Alexander Tsymbalyuk (Prince Grémine), Raúl Giménez, (Monsieur Triquet)



Opéra Bastille, 19 mai 2017
De g. à dte : Elena Zaremba (Madame Larina), Varduhi Abrahamyan (Olga), Peter Mattei (Eugène Onéguine), Edward Gardner (Direction), Anna Netrebko (Tatiana), Pavel Černoch (Lenski) et Alexander Tsymbalyuk (Prince Grémine)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Edward Gardner.


Chœur de l’Opéra national de Paris
Chef de chœur : José Luis Basso. 



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