"L'Opéra", côté coulisses

Captivant documentaire sur l'Opéra de Paris

Les passionnés d'art lyrique, comme moi-même, seront enthousiasmés, séduits et émus. Tous ceux qui voient cet art de plus loin devraient sentir poindre une passion naissante. 

Le film s’ouvre dans la plénitude absolue de l’ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg dirigé par Philippe Jordan, Directeur musical de l’institution. Il se terminera par le plus beau des chants du jeune artiste Walther, symbole de l’apport des Maîtres qui initient aux règles de l’art. Comme une ellipse pour résumer cette chronique des jours heureux et malheureux des acteurs d’une production lyrique. 

Pendant deux - trop courtes - heures qui filent avec bonheur, le cinéaste sonde les visages et explore les échanges "ordinaires", témoignant de l’intensité du quotidien de tous les protagonistes. Aucun commentaire, le lyrisme de la musique omniprésente et l’authenticité des échanges volés alimentent notre fascination.

Philippe Jordan, Directeur musical de l'Opéra de Paris
Lorsque le rideau se lève à 19h30 le soir d’une Première, on sait que cette création est l'aboutissement de quatre années de préparation. L’une des qualités du montage est de nous faire partager les dernières semaines comme un euphorisant thriller : les regards de doute, l’obsession de la perfection, les corps fatigués et les tensions de dernière minute. Jusqu’au sacre ou à la sanction du public exigeant et quasi inconscient de l’impact sur l’âme sensible des artistes.

Le temps d’une saison, Jean-Stéphane Bron s’est immergé dans les répétitions de Moïse et Aaron, des Maîtres Chanteurs et de La Damnation de Faust

Stéphane Lissner, Directeur de l'Opéra de Paris
Construit comme un opéra, fort et élégant, on découvre la singulière effervescence de l’envers du décor, du bureau du Directeur aux interminables couloirs où une voix rythme le déroulement du spectacle.
On suit le metteur en scène, ses assistants décors et lumière, le chef de chœur et les choristes, mais aussi machinistes, couturières et perruquiers. 
Et bien sûr, Stéphane Lissner, "Dieu lui-même" pour Mickhaïl Timochenko, jeune baryton-basse venu de l’Oural qui accède au graal de l’Académie. Personnage récurrent du film, son œil émerveillé est d’ailleurs un symbole fort de l’émotion que véhicule ce film. Il faut voir ce jeune chanteur admirer son modèle Bryn Terfel du fond du plateau pour vivre ensuite l’un des plus beaux jours de sa vie d’artiste quand le Maître lui propose de répéter Boris Godounov avec lui. 

Il est aussi passionnant de voir comment les difficultés peuvent s’amonceler, remettant potentiellement en cause le spectacle, et comment cette "machine" peut remédier au plus redoutable stress. Le lever de rideau apparaissant alors comme un miracle.

Un superbe film qu’il faut absolument aller découvrir. Pour prendre conscience – si ce n’est déjà fait – que pendant la durée si éphémère d’un opéra, il se passe quelque chose de très fort qui nous lie à jamais à la musique et à la vie de ses interprètes et artisans d’un soir.


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